modèles mentaux

Je vous écrivais la semaine passée sur le sujet de la prise de décisions et je vous avais promis d’approfondir quelques modèles mentaux. Alors dans cet article je vous présente quelques modèles parmi ceux que je préfère.

Si vous me suivez depuis quelque temps, vous savez qu’une des influences importantes dans ma vie, après Beyoncé et Taylor Swift, est la personne qui partage ma vie. Nous échangeons sur nos passions respectives et s’il chante désormais Anti-hero sans anicroches je lui dois mon intérêt croissant pour Warren Buffett et tout ce beau monde de la finance. 

Fun fact : la première fois où nous nous sommes rendus à l’assemblée générale de Berkshire Hathaway à Omaha, Nebraska (Buffett ouvre l’AG à tous les shareholders, ça à lieu dans un Zenith, c’est assez incroyable) j’étais avec un pantalon à fleur de toutes les couleurs et des boucles d’oreille coquillage rose au milieu de salles remplies d’hommes en costumes. J’ai signé tous mes emails de remerciements “the one in the flower pants” – pratique ! 

Tout ça pour vous dire que je ne pensais pas faire la queue à 4h00 du matin pour voir quelqu’un d’autre qu’une artiste en body pailletté, et pourtant – je l’ai fait pour deux hommes de plus de 90 ans – le coeur a ses raisons, dirait Pascal.

Commençons donc par un des modèles favoris de Buffett et Munger (son vice président qui est décédé en fin d’année 2023 – je vous ai mis sa photo ici) : le cercle de compétences.

Berkshire Hathaway – 2023 Shareholder Meeting 

Le cercle de compétences

I want to think about things where I have an advantage over other people. I don’t want to play a game where people have an advantage over me. I don’t play in a game where other people are wise and I am stupid. I look for a game where I am wise and they are stupid. And believe me it works better. God bless our stupid competitors. They make us rich.

Charlie Munger

Le cercle de compétence est assez simple à comprendre. Il s’agit d’établir là où vous êtes bon et de connaître parfaitement le périmètre de vos compétences. C’est à dire vous évertuer pour déterminer où se termine ce cercle de compétences. La difficulté est de définir  ce cercle et d’en connaître parfaitement les limites, quand vous sortez du cercle vous prenez le risque de ne plus être en situation d’avantage compétitif (même si votre égo vous dit le contraire).

La plupart des gens s’inquiètent de ne pas avoir un cercle de compétences assez étendu, or le véritable souci est de savoir quand on s’approche des limites de ce cercle. Un excès de confiance peut être fatal pour votre avantage compétitif.

I’m no genius. I’m smart in spots—but I stay around those spots.

Tom Watson Sr., Founder of IBM

Ce qui est intéressant avec le cercle de compétence c’est que lorsqu’on apprend à en tirer le meilleur parti avec humilité et discipline – et donc qu’on apprend à dire “je ne sais pas” et à refuser les missions en dehors de ce cercle – on peut atteindre le succès de manière plus sûre qu’en se concentrant sur la tendance à la mode ou le mode de fonctionnement de son voisin. 

Ne confondez pas ce que vous savez réellement et ce que vous pensez savoir. Ne laissez pas un excès de confiance vous faire sortir en dehors de votre cercle de compétence. 

magnifique schéma by yours truly – traduit de l’illustration disponible sur Farnam Street

Le biais de confirmation

Pour rester dans le thème de l’humilité et de la clairvoyance lors de l’évaluation de vos compétences mais aussi d’une situation je voulais vous parler du biais de confirmation.

Le biais de confirmation c’est notre capacité à voir uniquement une partie des faits qui est celle qui coïncide avec notre théorie et valide nos arguments. C’est ce biais qui est à l’œuvre quand, autour du repas de Noël, avec mon père on utilise les mêmes preuves pour servir nos deux arguments qui s’opposent et on a l’impression que ces preuves servent (évidemment mieux) nos propos respectifs. Le biais de confirmation est souvent lié à la présence de forts enjeux émotionnels ou d’ordre idéologiques dans la réflexion.

Il faut être très vigilant avec ce biais, car manquer d’objectivité dans l’analyse des fait peut mener à de graves erreurs de jugements. En business cela peut mener à des erreurs stratégiques aux conséquences douloureuses. 

The confirmation bias is so fundamental to your development and your reality that you might not even realize it is happening. We look for evidence that supports our beliefs and opinions about the world but excludes those that run contrary to our own… In an attempt to simplify the world and make it conform to our expectations, we have been blessed with the gift of cognitive biases.

The Little Book of Stupidity, Sia Mohajer 

Le biais de confirmation, c’est notre égo qui nous pousse à manipuler les faits pour ne pas avoir à admettre que nous n’avons pas raison. Je simplifie grossièrement mais très souvent c’est ce qu’il se passe. 
Exemple : Si vous soutenez l’hypothèse A et que l’on vous présente des arguments prouvant que l’hypothèse B est la bonne, vous pourrez trouver une manière d’interpréter ces arguments pour servir l’hypothèse A qui est la votre. 

La difficulté avec ce biais c’est que si vous ne connaissez pas son existence il est impossible de le contrecarrer. Et lorsqu’on explique pour la première fois le biais à quelqu’un en général, sa première réaction est de penser qu’il n’y est pas soumis.  

Dans une étude de Stanford, la moitié des participants étaient en faveur de la peine capitale, et l’autre moitié y était opposée. Les deux groupes ont lu les détails des deux mêmes études fictives. La moitié des participants a été informée qu’une étude soutenait l’effet dissuasif de la peine capitale et que l’autre s’y opposait. Les autres participants ont lu l’information contraire. Peu importe, la majorité des participants s’en est tenue à son point de vue initial, soulignant les données qui l’étayaient et rejetant celles qui ne l’étayaient pas.

Le biais de confirmation obscurcit notre jugement. Il nous donne une vision biaisée (surprise) de l’information, même lorsqu’il ne s’agit que de chiffres. Comprendre cela ne peut que transformer la vision du monde d’une personne – ou plutôt, notre perspective sur ce monde. Lewis Carroll a déclaré que « nous sommes ce que nous croyons être », mais il semble que le monde soit aussi ce que nous croyons qu’il est.

Vous allez me dire qu’il ne s’agit pas d’un modèle mais d’un biais, certes. Ce biais est le résultat de notre besoin de créer des modèles mentaux qui simplifie notre expérience complexe des nombreuses informations que nous devons traiter quotidiennement afin que nous puissions interagir et prendre des décisions plus facilement. Ce modèle qui est censé nous aider nous porte préjudice.
Les informations que nous interprétons sont influencées par les croyances existantes, ce qui signifie que nous sommes plus susceptibles de nous en souvenir. Par conséquent, nous avons tendance à voir plus de preuves qui renforcent notre vision du monde. Les données confirmatives sont prises au sérieux, tandis que les données non confirmatives sont traitées avec scepticisme. Notre assimilation générale des informations est sujette à de profonds préjugés.

Voilà pourquoi il est important de s’informer correctement sur les thèses opposées aux nôtres lorsqu’on forge une opinion et pour cela j’ai le modèle idéal ! 

L’inversion

Le concept est simple : éviter d’être bête plutôt que de courir après le fait d’être brillant.

Cela peut ne pas vous sembler naturel mais l’idée est de penser à l’envers pour atteindre vos objectifs. 
L’inversion permet de mieux comprendre un problème, une situation, un argument. En vous obligeant à faire le travail nécessaire pour avoir une opinion, vous êtes forcé d’envisager différentes perspectives.

Exemple : vous voulez encourager la créativité dans vos équipes.
Au lieu de vous demander “comment encourager la créativité?” demandez vous “que ferais-je si je voulais éliminer toute créativité?”. Dans la liste des actions allant à l’encontre de la créativité vous en trouverez sûrement qui sont en place actuellement dans vos équipes, vous pouvez donc commencer par les faire disparaître !

L’inversion est un excellent moyen de trouver des solutions lorsqu’on pense être bloqué dans une impasse.

J’espère que faire le tour de ces modèles vous a permis de mieux appréhender en quoi la connaissance et l’étude des modèles mentaux peut permettre d’aiguiser votre perception du monde et donc vos prises de décisions.

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