J’étais presque obligée de revenir sur le blog avec un clin d’œil à Taylor finalement (c’est faux, mais ça me fait plaisir donc bon !). En revanche, j’avais envie de vous proposer un contenu un peu plus personnel que les articles habituels. Je ne partage pas beaucoup de détails sur certains pans de ma vie sur Espiègle et c’est un choix. Ma vie amoureuse en fait partie, je mentionne parfois mon amoureux mais je ne donne jamais énormément de précisions. Alors rassurez-vous je ne viens pas vous faire une description détaillée de lui ou une déclaration mielleuse (bon ça peut déraper à tout moment, on ne change pas une équipe qui gagne).
Je vous partage souvent l’importance d’avoir un entourage soutenant, la chance que j’ai d’avoir des amies, des partenaires et des clientes qui me poussent à toujours plus avancer vers ce que j’ai envie de créer. Mais le sujet que je n’aborde pas en profondeur, par pudeur et par souci de préserver mon intimité, c’est la place que mon partenaire de vie a dans mon accomplissement professionnel. Il n’est pas question de me défaire des mérites qui me reviennent mais plutôt de réfléchir sur cette place particulière que prennent les fameux·ses +1 dans nos aventures entrepreneuriales.
Dans de nombreuses biographies d’entrepreneur·euses, un format que j’affectionne particulièrement, la vie sentimentale de la personne mise en lumière est abordée. Pas pour des questions de voyeurisme mais parce que le ou la partenaire du personnage principal est souvent un des éléments clés de la réussite. Et laissez moi vous dire qu’après douze années avec le même acolyte à mes côtés, je constate qu’il fait partie intégrante de l’équation de mes meilleurs accomplissements.
Le soutien sans faille
Dans la quasi-totalité des contenus que je consomme sur l’entrepreneuriat, le business ou bien l’art, les grands noms qu’on étudie ou bien celles et ceux qui se construisent sous mes yeux partagent l’importance du rôle que joue leur partenaire.
Ce ne sont pas des déclarations comme peut le faire André Gorz dans Lettre à D., une longue lettre d’amour et d’excuse à son épouse qu’il écrit lorsqu’elle à 80 ans.
Je vous recommande la lecture de ce court ouvrage autobiographique où il tente de rendre à sa femme la place qu’elle a eu tout au long de sa carrière.
La plupart des écrits auxquels je fais référence font plutôt allusion aux actions silencieuses du quotidien des partenaires, à leur présence dans l’intime et à la manière dont, dans l’ombre, ils participent à la réussite.
Ce ne sont pas les mentors aux blasons rutilants, ce ne sont pas les associés aux parcours époustouflants, ce ne sont pas les rencontres fortuites qui changent le cours de l’histoire. Ce sont celles et ceux qui, lorsque personne ne présage la réussite, pas même nous-même, sont là. Ils écoutent les rêves et participent à les façonner. Ils voient en nous ce que nous sommes incapables d’observer, ils perçoivent une flamme qu’ils vont entretenir à tout prix. Ils prendront le relais sur les sujets du quotidien quand on sera happés par la machine infernale de nos idées. Ils accepteront de nous voir au plus haut et au plus bas et continueront de croire en nous, peu importe la profondeur du trou dans lequel on peut s’enterrer.
Cette capacité à comprendre le fonctionnement de l’autre, à percevoir son potentiel, à écouter sans relâche les idées qui se font et se défont, à tendre une main compatissante quand on n’arrive plus à se relever seul·e d’une énième chute. Tout ça sans jamais s’approprier une once des accomplissements. Tout ça en silence, sans jamais attendre en retour une quelconque reconnaissance, une présence immuable et rassurante offerte sans arrière pensée.
Cela ne se trouve pas à chaque coin de rue.
J’entends autour de moi des histoires qui me font froid dans le dos, des amoureux qui raillent les ambitions de leur compagne, des partenaires qui ne voient pas qu’ils pourraient soulager l’autre avec une machine à laver ou une sortie au supermarché le temps que ce projet soit enfin terminé. Mon expérience est forcément biaisée car je suis entourée de femmes entrepreneuses hétérosexuelles pour la plupart. Et le constat est assez triste, sans surprise la majorité d’entre elles doit conjuguer charge mentale domestique, émotionnelle, et gestion d’entreprise…
Ainsi beaucoup d’entre elles sont résignées, revoient leurs ambitions à la baisse et les autres jettent l’éponge, se séparent et peuvent enfin s’accomplir pleinement. Il y a bien sûr des exceptions dans le lot (je vous vois venir avec les #notallmen, pas la peine de grincer des dents). Malgré tout, combien de femmes ne se lancent pas parce qu’elles n’ont pas l’espace mental, le temps et le soutien de leur compagnon ? Je constatais avec effroi il y a quelques jours dans une communauté de femmes qui souhaitent entreprendre, la plupart étant maman, de très nombreux messages expliquant que leurs conjoints se moquaient de leurs idées de business, les rabaissaient et leur rappelaient qu’elles ne pourraient jamais réussir.
Je ne sais que trop bien que se lancer demande une immense dose de courage et de vulnérabilité. Je crois que se mettre toute nue dans la rue me ferait le même effet aujourd’hui. Alors si la personne qui partage le plus intime de votre vie (et est sensée vous aimez) vous raille, comment faire pour passer le cap ?
Mon amoureux a toujours cru en moi, même quand j’ai fait les pires erreurs. Il sait me ramener les pieds sur terre quand je lance la machine des scénarios catastrophes dans ma petite tête. Il écoute sans relâche mes questionnements stratégiques, les histoires de mes contrats en cours, relis mes articles, mes posts instagram (alors qu’il n’est pas sur les réseaux sociaux), il le fait parfois en soufflant un peu mais il le fait.
Il connaît le nom de toutes mes clientes, leur business, leurs enjeux, il sait quels sont mes rêves les plus fous et ne me dit jamais que c’est trop grand ou trop incongru. C’est lui qui me rappelle pourquoi je fais tout ça dans les moments où je me noie. Et même si mes amies savent toujours trouver les mots juste, lui il est là quand je me lève le matin, il me voit me mettre en boule et m’enfoncer dans l’angoisse. Il me voit pleurer devant mon écran quand je me sens totalement dépassée et pas à la hauteur, il dort à côté de moi quand je travaille jusqu’à 2h00 du matin parce que je suis inspirée. Il me rassure quand je perds un contrat. Il me console quand je fais face à des situations qui me brisent le cœur. Bref, c’est sûrement cucul la praloche (ravie de placer cette merveille de la langue française ici) mais si Espiègle et moi on est là aujourd’hui c’est beaucoup grâce à lui.
Vous connaissez sûrement l’adage qui dit que derrière chaque grand homme il y a une femme, et bien on est en 2024 et je vous assure que derrière une femme qui réalise ses rêves il y a souvent une poignée de femmes qui croient en elle plus qu’elle même et, si elle est chanceuse, un +1 (dont le genre importe peu) qui joue un rôle non négligeable.
Les rappels à l’ordre que d’autres n’oseraient pas faire
Je vous parle de tous les moments chouette où l’autre est comme un immense câlin qui fait chaud au coeur, et à la motivation, mais je crois que j’ai encore plus de reconnaissance pour une autre forme de soutien.
Dans mes bouquins il y a souvent un moment de l’histoire du fondateur/CEO où son +1 lui met le coup de pied au derrière qui va faire basculer le Schmilblick. C’est là où je me dis “punaise, j’aimerais trop rencontrer xxx” (le +1 en question). Parce que quand on a affaire à une personne qui a une vision et tout un tas d’ambition il faut quand même accrocher son slip pour lui dire “eh coco là tu es à la dérive complet”.
C’est intéressant de constater ces dynamiques dans les couples où il y a une figure publique et un·e inconnu·e qui est en fait un élément clé que personne connait. Je trouve ces relations fascinantes, car le degré de confiance et d’humilité requis est élevé pour arriver à trouver un tel équilibre.
Une personne qui prend son courage à deux mains et le risque de vous envoyer un uppercut en pleine tête quand vous êtes en train de vous engouffrez sur la mauvaise voie. Je crois que c’est la plus belle preuve d’amour qu’on puisse nous faire. Lucky me, j’ai un modèle comme ça à la maison et quelques uns parmi mes amies.
En 2022 je décide de stopper les accompagnements avec les entrepreneur·euses. Sans surprise mon CA fait un grand saut dans le vide, histoire de retrouver mon bon sens au fond du gouffre où je l’avais jeté. Je reçois du soutien et des encouragements mais je reçois aussi un rappel à l’ordre de celui qui a pris le relais financièrement pour que je puisse continuer à m’envoyer ma plus grande roue libre. Jusqu’au moment où le sujet de la reprise du salariat arrive comme un cheveu sur la soupe.
Jamais un mot n’a été prononcé plus haut que l’autre, jamais il n’a été question de me dire qu’il ne croyait plus en moi ou mes projets. En revanche, il a été question de me mettre le nez dans mon petit (gros) bazar.
C’est là la subtilité de la relation. Il n’est pas question du mentor ou du coach que vous payez et qui va vous secouer les puces ou non (selon la personnalité de votre élu·e). Non, là on parle de la personne qui partage votre vie, et si vous vous envoyez dans le mur allégrement ce sont eux qui vont venir ramasser les morceaux à la petite cuillères (ou vous laissez là). Cette personne qui va assumer avec vous les conséquences des risques que vous prenez. Mes choix professionnels ont des conséquences sur notre capacité à nous endetter et donc avoir une maison à nous, mais aussi sur nos dossiers pour trouver un autre appartement en location. Ils ont aussi des conséquences sur nos voyages, nos projets de famille, sur toute notre vie. Pas juste sur mon business. Alors mon amoureux il a un peu un rôle d’associé qu’il le veuille ou non, puisque s’il ne participe pas aux décisions il en subit les conséquences parfois même plus que moi. C’est pourquoi il est essentiel qu’il possède cette qualité d’honnêteté et le courage de me balancer mes quatres vérités à la figure. Histoire qu’il ne me laisse pas foutre nos vies en l’air parce que j’ai eu la flemme de suivre mes chiffres de plus près.
Avoir une personne qui traverse le pays pour vous suivre quand vous voulez rejoindre une petite boîte qui fait du café et que personne ne connait (coucou la femme du CEO de Starbucks) c’est un vrai atout. Si vous trouvez une personne qui est capable de vous dire que vous nagez en plein délire sans vous décourager de votre objectif premier mais en vous ramenant dans le bon axe, accrochez-vous de toutes vos forces, vous avez une pépite à vos côtés.
Mes amies m’ont permis de rebrander ma marque en m’expliquant que c’était trop le bordel, pas assez lisible, elles m’ont aussi obligée ainsi à avoir un vrai espace pour mon art. Bref, que des numéros 10 dans ma team, rien de neuf sous le soleil.
Si vous avez un proche qui vous fait les remarques que personne d’autres n’osent faire, cet ami qui vous dira toujours si vous avez un truc entre les dents, chérissez cette personne. Les personnes qui vous veulent sincèrement du bien sont rares et précieuses.
Apprenez à accueillir leur critiques comme des cadeaux (même si je suis bien placée pour savoir que c’est aussi agréable que le sable dans la bouche quand on est tranquillement installé à la plage).
Des qualités complémentaires
Je voudrais finir en parlant du fait que ces relations ne sont pas à sens unique et que c’est surement cela qui fait qu’elles fonctionnent. J’offrirai toujours à celles et ceux que j’aime la même honnêteté qu’ils ont avec moi, et c’est pas toujours facile ! Trouver les bons mots, le bon moment, risquer de se prendre un coup en retour…
Je suis persuadée que ce qui fait que douze années plus tard nous sommes plus complices que jamais ce n’est pas le résultat du destin, mais bien d’un travail sans relâche pour se comprendre, se découvrir et construire une relation où la communication et les échanges se font d’une manière qui profite à chacun de nous.
Si j’ai un tempérament qui fait de moi une personne qui pense que tout est possible et qui s’enthousiasme vite, je peux aussi retomber plus vite qu’un soufflé. Face à moi j’ai une personne qui est d’une constance que je lui envie, et dont j’apprends beaucoup. Là où je m’impatiente et voudrais avoir en 3 jours les fruits d’un travail de 3 mois, je partage la vie de quelqu’un qui maîtrise l’art de repousser la tentation de la gratification immédiate pour le bien de ses objectifs. Autant vous dire que j’apprends énormément.
Je ne vous parle même pas du people pleaser que je suis alors que lui se contrefiche de ce que pense les autres, ça lui vient naturellement – il est né avec zero fuck to give, je l’envie!
Évidemment cela marche dans les deux sens, il peut être souvent coincé dans l’analyse des situations quand je vais le pousser à agir et à faire pour voir ce qu’il se passe. Il a aussi ses doutes, ses rêves, ses hauts et ses bas. Oui, le mec est humain, je sais je l’ai bien vendu dans cet article mais il a ses défauts, rassurez-vous !
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