Zone de confort

La zone de confort est un des concepts favoris des entrepreneurs et un des grands chevaux de bataille des coachs et autres adeptes du développement personnel. Elle serait la clé magique ouvrant les portes d’un idéal tant convoité à celui qui s’aventure en son dehors. 

Je ne sais pas tellement quoi penser de ce concept qui pousse trop souvent à des dérives dangereuses. C’est d’ailleurs une conversation avec une de mes lectrices qui a motivé l’écriture de cet article. 

Je vais, comme lors de ma discussion avec elle, utiliser l’analogie de ma pratique du sport à haut niveau (pas à l’heure où je vous écrit mais plutôt quand j’avais une quinzaine d’années).

Gloire à l’effort

Il est 7h30 du matin, je suis dans l’eau depuis déjà une heure et je viens de vomir dans la goulotte. Je n’ai eu ni le temps ni la force de courir jusqu’aux toilettes… Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ça m’arrive. Et à ce moment précis je ne suis pas dégoûtée, ou écoeurée, ou bien même mal à l’aise. 

Non. 

Je suis fière comme un paon, car je sais que mon entraîneur voit là le signe d’un dépassement de soi qui me vaudra sûrement de belles performances plusieurs semaines plus tard lors de la prochaine compétition.

Je pose un oeil aujourd’hui perplexe sur la jeune fille que j’étais et un regard tout à fait méprisant à l’égard de l’adulte responsable de moi à l’époque qui a trouvé normal que des gamines se vident de leurs tripes dans la goulotte de la piscine municipale. 

Quand je nageais, j’ai, à de trop nombreuses reprises, mis ma santé en danger. La raison était simple : plus fort je m’entraînais, plus loin je repoussais mes limites et plus belle serait la récompense. Seulement ce n’était pas vrai. L’épuisement, les blessures, le découragement et l’excès de tout ont eu raison des tant espérées performances. Les précieux centièmes de secondes manquant le jour-J suffisant à ravager une année de sacrifices. 

Jusqu’à ce que je rencontre un entraîneur d’un genre différent. Qui lui m’a appris comment construire le progrès et ce pas uniquement dans l’effort mais aussi dans le repos et le confort.

Acquérir la résistance

Avec ce nouvel entraîneur nous avions un test sur une distance assez longue que nous refaisions environ 3 fois dans l’année (2km à fond, si vous êtes totalement étranger au monde de la natation sachez que c’est long et pénible comme exercice). Ce test déterminait nos zones de travail : de 1, la plus lente, à 7, celle du sprint. Chacun de nous avait une feuille plastifiée et nous savions en fonction des séries d’exercices que nous avions à faire dans quelle zone nous devions nager (et donc à quelle allure). 

Ainsi nous alternions les périodes où nous construisions notre résistance avec de gros kilométrages à des allures équivalentes à notre VO2max pour celles et ceux d’entre vous qui s’y connaissent. C’est, pour faire simple, l’allure qui permet de travailler son endurance. C’est là que nous venions aux portes de la zone de confort pour la faire croître petit à petit. 

Entre ces périodes nous avions des sessions de récupération ainsi que des sessions de sprint ou de technique. 

L’analogie me semble appropriée quant à notre usage de la zone de confort dans notre vie. Nous pouvons nous frotter à ses limites pour l’agrandir et revenir en son sein pour reprendre nos forces. Rien ne nous oblige à en sortir en permanence. D’ailleurs cela ne nous vaudra rien de bon (cf. les vomis dans les goulottes).

Éloge de la douceur

Ce que j’expliquais à ma lectrice c’est que je crois fort que dans la vie il est appréciable de savoir revenir à notre zone de confort, à ce qui est familier. Il est essentiel d’être capable de voir quand on a besoin de se ressourcer. 

Nous vivons dans une société où la course est effrénée et l’art de ralentir ou simplement d’apprécier un plateau n’est pas vraiment au goût de tous. Et pourtant il en va de notre bien être et de notre capacité à atteindre nos objectifs.

Ainsi, s’il est parfois nécessaire de se prouver qu’on est capable de repousser ses limites et de se frotter à des performances nouvelles pour nous, il est tout aussi important de savoir apprécier et reconnaître les périodes où nous avons besoin de tout autre chose. 

C’est une grande qualité, que de savoir quand il est bon pour soi de revenir à l’essentiel. Je pense que l’effervescence autour des choix qu’à fait Simone Biles pour sa santé n’est pas un hasard. Elle est la preuve que le retour à la zone de confort, à la zone de sécurité est essentiel lorsqu’on sent que l’on est potentiellement en danger. 

Cela vaut pour tous les domaines de nos vies : 

  • On peut apprécier arrêter de chercher un·e amoureux·se si l’on est épuisé de devoir aller à des dates encore et encore sans succès. 
  • On peut mettre en pause un projet qu’on aime passionnément s’il nous coûte toute notre énergie.
  • On peut choisir de prendre un travail salarié “basique” pour se reposer des enjeux et des responsabilités. 
  • On peut fermer son entreprise si on estime qu’il est temps.

Peu importe ce que vous choisissez, souvenez vous que pour avoir une zone de sprint plus performante il faut que l’ensemble de vos zones de travail progressent avec elle. Y compris celle de repos et de croisière. 

J’espère que cet article vous permettra de vous donner l’autorisation de ralentir, de vous offrir le confort dont vous avez besoin et de ne pas vous juger trop durement si vous devez prendre un peu plus de temps pour arriver à bon port.

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